J’aurai voulu écrire chaque jour un peu sur elle, un peu sur moi, un peu sur lui, un peu sur nous. J’aurai voulu décrire les sensations qu’elle me procure à chacun de ses mouvements, les émotions que je ressens à apprendre à la connaitre à travers ses habitudes. J’aurai voulu au moins essayer.

J’essaie de me projeter avec elle, avec son père, avec nos familles et amis dans notre quotidien. J’essaie de me dire qu’elle va changer ma vie. Depuis tant d’années je fête mon anniversaire de manière morose face à l’absence de ma mère, face à l’absence de bébé, face à l’absence de perspectives de ma vie.

Je ne sais définitivement pas écrire sur le bonheur. Je ne sais pas alors que j’aurai aimé continuer à exprimer sur papier son histoire.

Je ne sais qu’exprimer mes angoisses. Le 1er mois, j’ai eu peur tous les deux jours que le taux d’HCG de la prise de sang ne diminue. Les 2 mois qui ont suivis, j’ai eu peur qu’ils me la reprenne –mais qui? J’ai attendu jusqu’à 5 mois qu’elle bouge pour me rassurer. Avant, j’avais peur que son coeur ne s’arrête. Je crains depuis les 6 mois de grossesse qu’elle ne vienne trop tôt –en grande partie à cause d’une SF qui a fait trop de “préventions”. Je suis allée consulter ma Doc une dizaine de jours plus tard qui m’a dit d’aller faire du shopping maintenant avant que mon poids ne m’en empêche. Au suivi des 7 mois, je me suis faite engueulée par la SF parce que j’avais pris trop de poids –engueule moi vas y mais arrête la prévention surtout.

Mon bonheur je ne sais que le vivre et pas le décrire et pourtant il est incommensurable aujourd’hui. Je suis partie d’un chagrin tellement profond que le fossé me fait tourner la tête –et me tire souvent les larmes quand je reçois des textos d’anniversaire m’évoquant ma future maternité. C’est incroyable mais nous y sommes. Presque. J’ai encore peur qu’il ne nous tombe quelque chose sur la tête. Tant d’années de galère ne se guériront sans doute jamais. Mais j’apprends à appréhender mes angoisses, à les ressentir et à les laisser filer loin.

Elle est tellement concrète, elle fais 2kg et fait déjà partie intégrante de ma vie. Elle fait partie de ma vie -j’aime le répéter, enfin, après tant d’années d’attente.

PS: Ah oui je viens de voir vos nombreuses interrogations face à l’étrange précédent post. Un truc bizarre de plus. Je suis en congés maternité depuis 15 jours dans un lieu reculé où Internet marche à peine… Je vous lis très attentivement dès que j’ai une barre -à 36 ans on dit une barre quand ça capte un peu, soyez-en sûres.